dimanche 2 novembre 2008

Washington / Bruxelles, les capitales internationales du Lobbying

Lobby signifie en anglais « couloir », ou « antichambre » à la mode de Versailles, on comprend mieux.

Le lobbying est l'activité qui consiste à influer sur le décideur politique, mais tout bien considéré, à l’éclairer aussi, à lui offrir un point de vue, une expertise. Si l’élu est bel et bien le représentant du peuple, il est aussi souvent généraliste, sans expertise particulière il fait le lien entre le pouvoir et le peuple, et il légifère sur tous les aspects de la vie, sans en maîtriser parfaitement aucun. Le lobbyiste alors, est un avocat qui défend la vérité de son client, qui éclaire l’élu… d’une certaine lumière.



Les acteurs sociaux ont des intérêts divergents. Greenpeace et Lafarge, par exemple, ont des positions radicalement différentes en termes d’industrie ou d’environnement. L’homme politique, dans son acception idéale, a lui comme intérêt, l’intérêt général, quelque part entre l’intérêt de Lafarge et celui de Greenpeace. Le français, loin de la culture lobby anglo-saxonne, aurait tendance à considérer le lobbyiste comme le représentant de Lafarge. Il oublie que Greenpeace est par nature (ou par essence ;) un lobby, pas moins puissant, ni moins radical, que ces adversaires.

Personne ne s’indigne quand le WWF aide la Commission Européenne à définir des normes plus contraignantes en matière environnementale. On peut s’interroger pourtant, car on aborde alors la nuance entre morale et droit : ils n'ont pas de légitimité politique, pas de mandat, pas de transparence sur les moyens engagés, sur leur représentativité, etc.

Les lacunes françaises en matière de culture du Lobby ont des conséquences évidentes à l’échelle politique international : en France on est habile diplomate, on se fait ovationner à l’assemblée générale des Nations-Unies. Mais Paris, par exemple, n’obtient pas l’organisation des JO, c’est Londres qui remporte la mise. Ceci est clairement du, non à la qualité de leurs candidatures respectives, mais à la capacité britannique de lobby, sans commune mesure avec les moyens alors mis en œuvre pas les français.

Ce peu de culture du lobby en tant que tel, n’en masque pas moins une réelle habitude de l’influence en France, dans les ministères et dans les couloirs des Assemblées. De l’influence on ne connaît que l’expression consacrée « trafic d’influence ». Elle est chez nous simplement plus discrète, plus personnalisée, plus officieuse, mais non moins réelle.

On voudrait croire que les hommes qui font les lois à Paris sont dénués d'arrières pensées, uniquement guidés par une idéologie, des valeurs, une éthique, bref un sens (orienté politiquement) de l’intérêt général. Tous des Bayrou ! Pourtant, l’influenceur est bien présent, il n’est simplement pas déclaré, et on lui ouvre grand les portes. C’est un secret de polichinelle, assez lucratif pour que chacun préfère fermer les yeux.



Il est donc deux capitales internationales essentielles ou le lobbying est officiel, transparent, légal et régulé : Washington et… Bruxelles. À l'inverse, à Paris, ce qui n'existe pas ne peut être contrôlé.

À Washington les lobbyistes fournissent à l'État le nom de leurs clients ainsi qu'une « financial disclosure » : le montant des honoraires qu’ils perçoivent par contrat. À Bruxelles, on peut librement circuler au Parlement Européen après s’être inscrit sur la « liste express » sous un nombre significatif préétabli de conditions de transparence.

Réguler le lobbying permet de minimiser les conflits d'intérêts (impossible de les supprimer : on voudra toujours être réélu ou devenir ministre, quitte parfois à relativiser ses principes). Mais au moins, aux États-Unis, on ne peut pas être simultanément homme politique et lobbyiste, en France c'est possible : c'est le cas entre autres de Frédéric Lefebvre, député UMP, conseiller de Nicolas Sarkozy et qui possède son propre cabinet de « consultant »(1)… jackpot !



(1) Perroquet Institutionnel Communication (Pic Conseil)

3 commentaires:

  1. Bruxelles ?
    Vous avez la liste des public affairs accrédités!?!

    Et comme l'organisation de l'UE est inter-gouvernemantal, la transparence à Bx est un trompe l'oeil.

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  2. Hello Chris,

    La liste des organisations accréditées auprès du Parlement européen se trouve... sur le site du Parlement européen ! Il y a des efforts fait en matière de transparence, en dépit des critiques.

    L'UE, un organisme intergouvernemental ? C'est bien plus que cela. (Re)lis le Traité de Lisbonne.

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  3. Pierro,

    Si tout se trouve sur le site du parlement, je sens que des bureaux vont se libérer à Bx !?
    Youpi, c'est la fin de la crise du logement :))

    Oui sur le papier, c'est plus que cela. Dans la réalité, nous sommes bien dans un système de fonctionnement inter-gouvernemental.
    cf le dernier article des Young Democrats for Europe.

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