jeudi 6 novembre 2008
Le premier jour du 21e siècle : j’y suis !
C’est à Chicago, dans une foule de plus d’un million de citoyens américains de toutes origines sociales, que j’ai eu le privilège de vivre un moment que le monde s’accordera à considérer comme historique, et pour cause.
Les mots me manquent pour décrire cette nuit magique, et je vous la ferai partager mieux sous peu grâce à des vidéos. Sincèrement, au centre de l’actualité à Chicago cette nuit là, c’était comme si le temps, dépassé par l’Histoire, transcendé par les acteurs, c’était arrêté. Ces choses là se passent la nuit, comme à Paris le 12 Juillet 98 ou plutôt la nuit du 9 Novembre 1989, à Berlin.
Si l’on a pu croire que le 21ème siècle a commencé le 11 Septembre 2001, on s’est trompé : ce jour là c'était le dernier jour du 20ème. Le 21ème siècle a commencé hier, le 5 Novembre 2008, avec l’élection du 44ème Président des États-Unis.
Pour l’ambiance, et malgré les inquiétudes des autorités (la ville était hérissée de barrières et les forces de l’ordre sur les dents), malgré la folle ferveur qui s’était emparée des militants démocrates au cours de cette campagne, et de toute la population qui a voté comme jamais, on a pu être surpris : une liesse certes, mais finalement pas d’emballement ni d’explosion quelconque, passées les premières minutes après l’annonce. Le relâchement de la tension extrême et de la crainte s’est transformé en joie certes, mais en une joie sereine, profonde, consciente de l’énormité de l’instant et des défis herculéens qui s’annoncent.
Il faut rendre hommage au vainqueur certes, mais à McCain aussi, qui, sous les huées de ses supporters déçus et fanatisés par une campagne plus agressive qu’il ne l’aurait lui-même souhaité, a su transmettre un message d’union et d’apaisement. Les épreuves qui attendent l’Amérique, on a pu en prendre la mesure, à la fois dans cette réaction, comme dans celle de chaque américain dans les rues ce soir là.
Le premier discours du nouveau Président, la voix de l’instant, aide à mieux percevoir ce paradoxe. On est déjà tourné vers demain, même si pour moi le temps n’est pas à l’interrogation mais à la célébration. Yes they did!
Revenons sur cette soirée :
À Chicago, plus d’un million de personnes convergeaient depuis le matin, de tout les États, pour participer à la soirée électorale. Les ruent sont noires de monde, plus aucune voiture ne circule. On s'arrache les derniers T-shirt vendus à la sauvette. À Grand Park, ce lieu qui deviendra mythique, où se retrouvent les 175 000 personnes invitées par le candidat à participer à la dernière grand messe électorale, on trépigne d'impatience à l'idée de voir pour la première fois le président Obama.
Très tôt on s’en doutait : les swing states essentiels de la côte Est tombaient les uns après les autres dans l’escarcelle démocrate : la Floride, l'Ohio, la Pennsylvanie et la Caroline du Nord. On s'attendait à voir le nombre de grands électeurs passer le seuil fatidique des 269 délégués, autrement dit à assurer la victoire à Obama, mais l’on restait attentif, prudent, concentré.
À 22h34, heure de Chicago, on connaît enfin le résultat officiel lorsque le présentateur de MNSBC affiche le visage d'Obama au dessus de la mention "elected". L’Amérique exulte, crie, chante, laisse exploser sa joie quelques instants, mais par-dessus tout, elle pleure !
Quand Obama arrive sur la scène, accompagné de sa femme et de ses filles, les flashs se mettent à crépiter, et la foule, électrique, me hérisse. Je n'avance plus, je ne me retourne plus. En fait je ne peux plus bouger. Je suis sur Roosevelt, une grande artère de Chicago, et je ne vois plus qu’une marée humaine ; impossible de contourner la foule.
Les jeunes démocrates que j’accompagne se faufilent et nous réussissons à nous extirper, heureux mais déboussolés ! On arrive juste à temps devant un écran télé pour voir la retransmission du message de John McCain à ses partisans à Pheonix, Arizona.
Quelle classe ! Dommage que cet homme là ait été contraint de concéder une place à Palin et à toute les fondamentalistes, créationnistes, et autres églises diverses, parce que l'on sait que c'est un gars honnête. L'éternel challenger, le modéré. Comme me l'ont confié beaucoup de démocrates, s'ils avaient eu à choisir un républicain, ils l’auraient choisi lui.
Enfin ici à Chicago on célèbre la victoire du changement, du premier homme noir à devenir président, le Président de tout les américains cette fois. Ce soir, j'ai la sensation que les États-Unis ont gommé huit ans de repli sur eux même. Que le recul ne nous fasse pas déchanter : les espoirs sont trop grands.
PS : merci mille fois à tout ceux qui ont permis à cette expérience de se concrétiser, qui m'ont permis d'y être. Je pense très fort à vous !
Les mots me manquent pour décrire cette nuit magique, et je vous la ferai partager mieux sous peu grâce à des vidéos. Sincèrement, au centre de l’actualité à Chicago cette nuit là, c’était comme si le temps, dépassé par l’Histoire, transcendé par les acteurs, c’était arrêté. Ces choses là se passent la nuit, comme à Paris le 12 Juillet 98 ou plutôt la nuit du 9 Novembre 1989, à Berlin.
Si l’on a pu croire que le 21ème siècle a commencé le 11 Septembre 2001, on s’est trompé : ce jour là c'était le dernier jour du 20ème. Le 21ème siècle a commencé hier, le 5 Novembre 2008, avec l’élection du 44ème Président des États-Unis.
Pour l’ambiance, et malgré les inquiétudes des autorités (la ville était hérissée de barrières et les forces de l’ordre sur les dents), malgré la folle ferveur qui s’était emparée des militants démocrates au cours de cette campagne, et de toute la population qui a voté comme jamais, on a pu être surpris : une liesse certes, mais finalement pas d’emballement ni d’explosion quelconque, passées les premières minutes après l’annonce. Le relâchement de la tension extrême et de la crainte s’est transformé en joie certes, mais en une joie sereine, profonde, consciente de l’énormité de l’instant et des défis herculéens qui s’annoncent.
Il faut rendre hommage au vainqueur certes, mais à McCain aussi, qui, sous les huées de ses supporters déçus et fanatisés par une campagne plus agressive qu’il ne l’aurait lui-même souhaité, a su transmettre un message d’union et d’apaisement. Les épreuves qui attendent l’Amérique, on a pu en prendre la mesure, à la fois dans cette réaction, comme dans celle de chaque américain dans les rues ce soir là.
Le premier discours du nouveau Président, la voix de l’instant, aide à mieux percevoir ce paradoxe. On est déjà tourné vers demain, même si pour moi le temps n’est pas à l’interrogation mais à la célébration. Yes they did!
Revenons sur cette soirée :
À Chicago, plus d’un million de personnes convergeaient depuis le matin, de tout les États, pour participer à la soirée électorale. Les ruent sont noires de monde, plus aucune voiture ne circule. On s'arrache les derniers T-shirt vendus à la sauvette. À Grand Park, ce lieu qui deviendra mythique, où se retrouvent les 175 000 personnes invitées par le candidat à participer à la dernière grand messe électorale, on trépigne d'impatience à l'idée de voir pour la première fois le président Obama.
Très tôt on s’en doutait : les swing states essentiels de la côte Est tombaient les uns après les autres dans l’escarcelle démocrate : la Floride, l'Ohio, la Pennsylvanie et la Caroline du Nord. On s'attendait à voir le nombre de grands électeurs passer le seuil fatidique des 269 délégués, autrement dit à assurer la victoire à Obama, mais l’on restait attentif, prudent, concentré.
À 22h34, heure de Chicago, on connaît enfin le résultat officiel lorsque le présentateur de MNSBC affiche le visage d'Obama au dessus de la mention "elected". L’Amérique exulte, crie, chante, laisse exploser sa joie quelques instants, mais par-dessus tout, elle pleure !
Quand Obama arrive sur la scène, accompagné de sa femme et de ses filles, les flashs se mettent à crépiter, et la foule, électrique, me hérisse. Je n'avance plus, je ne me retourne plus. En fait je ne peux plus bouger. Je suis sur Roosevelt, une grande artère de Chicago, et je ne vois plus qu’une marée humaine ; impossible de contourner la foule.
Les jeunes démocrates que j’accompagne se faufilent et nous réussissons à nous extirper, heureux mais déboussolés ! On arrive juste à temps devant un écran télé pour voir la retransmission du message de John McCain à ses partisans à Pheonix, Arizona.
Quelle classe ! Dommage que cet homme là ait été contraint de concéder une place à Palin et à toute les fondamentalistes, créationnistes, et autres églises diverses, parce que l'on sait que c'est un gars honnête. L'éternel challenger, le modéré. Comme me l'ont confié beaucoup de démocrates, s'ils avaient eu à choisir un républicain, ils l’auraient choisi lui.
Enfin ici à Chicago on célèbre la victoire du changement, du premier homme noir à devenir président, le Président de tout les américains cette fois. Ce soir, j'ai la sensation que les États-Unis ont gommé huit ans de repli sur eux même. Que le recul ne nous fasse pas déchanter : les espoirs sont trop grands.
PS : merci mille fois à tout ceux qui ont permis à cette expérience de se concrétiser, qui m'ont permis d'y être. Je pense très fort à vous !
Mot-clefs :
Barack Obama,
Chicago,
direct,
histoire,
résultats
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
BRAVO Barack et merci Cyril et Martin.
RépondreSupprimerJe suis naturellement heureux du résultat mais également heureux du retour des Etats Unis que l'on aime et qui nous surprennent.
Sachons nous en inspirer pour balayer les conservatismes et autres tendances à l'immobilisme encore trop présents en France.